La France

Tels des repères de la construction de la nation, les grandes dates des ordres et décorations rythment l’histoire de France, de l’époque des croisades jusqu’à la période contemporaine.

1113

Création de l’ordre de Saint-Jean

1348

Création de l’ordre de la Jarretière par Edouard III

1351

Création de l’ordre de l’Étoile par Jean II le Bon

1430

Création de l’ordre de la Toison d’or par Philippe le Bon, duc de Bourgogne

1469

Création de l’ordre de Saint-Michel par Louis XI

1578

Création de l’ordre du Saint-Esprit par Henri III

1608

Création des ordres réunis de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem par Henri IV

1693

Création de l’ordre de Saint-Louis par Louis XIV

1759

Création par Louis XV de l’institution du Mérite militaire et du médaillon de Vétérance

1799

Création des armes d’honneur par Bonaparte, Premier consul

1802

Création de la Légion d’honneur par Bonaparte, Premier consul

1805

Napoléon Ier crée les ordres impériaux de la Couronne de fer et de la Réunion

1852

Création de la Médaille militaire par Louis-Napoléon Bonaparte, Prince-Président

1857

Création de la médaille de Sainte-Hélène par Napoléon III et du principe des médailles de campagne

1883

Création de l’ordre du Mérite agricole et du principe des ordres ministériels

1896

L’ordre royal du Cambodge, l’ordre de l’Étoile d’Anjouan, l’ordre du Nichan El Anouar, l’ordre du Dragon d’Annam et l’ordre de l’Étoile noire deviennent des ordres coloniaux français

1915

Création de la Croix de guerre

1963

Création de l’ordre national du Mérite par le général de Gaulle, président de la République

2016

Création de la Médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme

Première Croisade 1096-1099

Guerre de cent ans 1337-1453

Guerre de cent ans 1337-1453

Guerre de cent ans 1337-1453

Guerre de cent ans 1337-1453

Guerre de religion en France 1562-1598

Guerre de religion en France 1562-1598

Règne de Louis XIV 1643-1715

Règne de Louis XV 1715-1774

Consulat 1799-1804

Consulat 1799-1804

Premier Empire 1804-1814

IIe République 1848-1852

Second Empire 1852-187

IIIe République 1875-1940

IIIe République 1875-1940

IIIe République 1875-1940

IVe République 1946-1958 ET Ve 1958-

IVe République 1946-1958 ET Ve 1958-

1113

Création de l’ordre de Saint-Jean

Vue panoramique de la ville de la Valette, XVIIIe siècle

Les ordres religieux et militaires, tels l’ordre du Temple ou l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, apparaissent à l’époque des croisades. Pour la première fois, des institutions regroupent autour d’un grand maître une communauté de chevaliers au service d’un idéal. 
L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem trouve ses origines dans une fondation religieuse et hospitalière établie auprès du Saint-Sépulcre vers 1050. Après la prise de Jérusalem en 1099 cette fondation devient un ordre chevaleresque avec une double mission : soigner les malades et combattre les infidèles. Après la disparition des États latins d’Orient en 1291, les chevaliers s’installent en 1310 à Rhodes qui devient, grâce à une puissante flotte, le rempart de la chrétienté. Chassés en 1523 à l'issue d'un siège héroïque, ils se voient octroyer par Charles Quint l’île de Malte d’où ils poursuivent leurs missions maritimes et hospitalières.
En grande partie ruiné par la Révolution française et chassé de son territoire par Bonaparte en 1798, l'ordre s’établit définitivement à Rome en 1834. Il redevient, comme à ses premiers jours, exclusivement hospitalier et caritatif. Considéré comme un Etat souverain, il étend aujourd’hui son rayonnement dans le monde entier.

Insigne

A l’origine, l’insigne était une croix blanche à huit pointes en tissu, cousue sur le manteau des chevaliers. Au XVIe siècle, apparut un bijou en or émaillé dont la codification n’intervint qu’à la fin du XIXe siècle. La forme de cet insigne aux branches bifides servit de modèle à la plupart des ordres français depuis l’ordre du Saint-Esprit jusqu’à l’ordre national du Mérite.

1348

Création de l’ordre de la Jarretière par Edouard III

remise du grand cordon de l’ordre de la Jarretière par la reine Victoria à Louis-Philippe, roi des Français
jarretière du duc d'York (1763-1827)

Au début de la guerre de Cent Ans, le roi d’Angleterre Edouard III, revendiquant la couronne de France, crée vers 1348 un outil politique d’allégeance à sa dynastie, le très noble ordre de Saint-Georges appelé de la Jarretière. La devise en français, Honi soit qui mal y pense ainsi que les couleurs bleu et or de l’ordre renvoient directement aux prétentions des Plantagenêt sur le royaume de France.Ses principales caractéristiques, empruntées aux ordres chevaleresques et religieux ainsi qu’à la légende arthurienne de la Table ronde, devinrent celles de tous les ordres fondés jusqu’à la fin du XVIe siècle. A ce titre, il est considéré comme l’archétype des ordres de chevalerie. Neuf souverains français en reçurent les insignes : François Ier, Henri II, Charles IX, Henri III, Henri IV puis, au XIXe siècle, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe et enfin Napoléon III. Aujourd’hui, il est toujours l’ordre le plus prestigieux de la couronne d’Angleterre.

1351

Création de l’ordre de l’Étoile par Jean II le Bon

Chevalier de l’ordre de l’Étoile

Le roi Jean le Bon crée en 1351 la compagnie des chevaliers de Notre-Dame de la Noble Maison, dit ordre de l’Étoile. Il s’agit pour le roi de choisir une élite militaire dans le contexte difficile de la guerre de Cent Ans. Les chevaliers, qui avaient juré de ne jamais tourner le dos à l’adversaire, furent décimés au cours des batailles et le premier ordre de chevalerie français ne survécut pas à la défaite de Poitiers en 1356. L’insigne était une bague et un fermail ornés d’une étoile.

1430

Création de l’ordre de la Toison d’or par Philippe le Bon, duc de Bourgogne

Léopold Ier duc de Lorraine (1679-1729) en costume de l'ordre de la Toison d’or

L’ordre de la Toison d’or fut institué le 10 janvier 1430 à Bruges par Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Ce prince fastueux réunit ainsi autour de lui une clientèle de grands seigneurs et affirme sa toute puissance face à son cousin et suzerain, le roi de France. Il manifeste également son indépendance vis-à-vis du roi d’Angleterre et de son ordre de la Jarretière dont il s’inspire directement pour organiser sa propre institution. La symbolique du nouvel ordre n’est pas religieuse mais renvoie à l’Antiquité avec le mythe de Jason et sa quête de la Toison d’or.
Transmis à la mort du duc Charles le Téméraire à la maison d’Autriche, l’ordre de la Toison d’or sera ensuite attaché à la couronne d’Espagne par Charles Quint. Il sera divisé après la guerre de succession d’Espagne entre une branche Bourbon espagnole et une branche Habsbourg autrichienne.
Aujourd’hui la Toison d’or espagnole est la plus haute distinction que puisse conférer le roi d’Espagne. L’ordre autrichien est considéré comme une personnalité juridique de droit international.

Insigne

L’insigne de l’ordre est un collier composé de fusils (le briquet de l’époque - emblème personnel de Philippe le Bon depuis 1421) et de pierres à feu lançant des étincelles. A ce collier est accrochée la dépouille du bélier : la légendaire Toison d’or. Au quotidien les chevaliers portent au cou, à un ruban rouge, un pendentif reprenant les mêmes symboles.

1469

Création de l’ordre de Saint-Michel par Louis XI

Bayard (1476-1524) portant le collier de Saint-Michel

Louis XI créa le 1er août 1469 à Amboise, l’ordre de Saint-Michel pour regrouper autour de lui l’élite du royaume et affermir sa suzeraineté face au puissant duc de Bourgogne et au roi d’Angleterre. Il choisit comme saint tutélaire l’archange combattant, Saint Michel, dont la figure ornait les étendards royaux depuis la guerre de Cent Ans et dont le mont était toujours resté invaincu.
Réservé statutairement à 36 gentilshommes liés par un serment de fidélité exclusive, l’ordre se plaça très vite comme l’égal de ses aînés (Jarretière et Toison d’or). Il renforça, grâce à l’habilité politique du roi, le prestige de la couronne.
Toutefois, après la mort d’Henri II, dans le désordre des guerres de religion, il perdit de son prestige car il fut trop distribué. Réformé par Henri III lors de la création de l’ordre du Saint-Esprit, il devint le deuxième ordre du royaume.
A nouveau restructuré par Louis XIV en 1665, il fut utilisé par le roi comme symbole de sa reconnaissance envers les grands serviteurs de l’Etat dans le domaine des arts, des lettres et de la science. Aboli en 1791, il fut rétabli par Louis XVIII et définitivement abandonné par Louis-Philippe en 1830.

Insigne

L’insigne de l’ordre était un collier composé de coquilles, liées entre elles par des nœuds, auquel était attachée la figure de l’archange Saint Michel terrassant le dragon.
Tenus de porter constamment la marque de l’ordre, les chevaliers étaient autorisés, dans le privé ou à la chasse, à ne porter qu’un pendentif suspendu à une chaînette ou à un lacet de soie : le petit ordre.En 1665, Louis XIV remplaça le pendentif par une croix portée à un ruban noir. Elle était semblable à celle des chevaliers du Saint-Esprit mais le centre représentait sur les deux faces l'effigie de l’archange Saint Michel.

1578

Création de l’ordre du Saint-Esprit par Henri III

plaque de l'ordre du Saint-Esprit, époque Restauration
institution de l’ordre du Saint–Esprit par Henri III Jean-Baptiste Van Loo (1684-1745)

Le plus prestigieux des ordres de la monarchie française, l’ordre du Saint-Esprit, fut fondé par Henri III le 31 décembre 1578. Il était voué au Saint-Esprit en raison de la dévotion du souverain devenu roi de Pologne, puis roi de France, pendant les fêtes de Pentecôte 1573 et 1574. 
Destiné à défendre la foi catholique, il devait aussi fidéliser autour du roi l’élite du royaume divisée par la Ligue. L'ordre de Saint-Michel, trop distribué sous Charles IX, ne pouvait en effet plus jouer ce rôle fédérateur.  
L’ordre comprenait cent chevaliers nobles et catholiques nommés par le roi qui devenaient en même temps chevaliers de Saint-Michel. Il cessa d’être conféré à partir de 1789, fut aboli en 1791 puis rétabli sous la Restauration, et définitivement abandonné en 1830 par Louis-Philippe. 

Insigne 

Les statuts prévoient différents insignes : le collier, réservé aux cérémonies, porté sur le grand manteau ; une croix dite de Malte avec la colombe du Saint-Esprit à l’avers et l’archange Saint-Michel au revers ; une plaque brodée cousue sur l’habit. Le ruban était bleu céleste. 

1608

Création des ordres réunis de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem par Henri IV

croix de commandeur des ordres réunis
réception par le comte de Provence d’un chevalier des ordres réunis

En 1608, Henri IV, en gage de la sincérité de sa conversion au catholicisme, créa l’ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel. Il le réunit à l’ancien ordre de Saint-Lazare, fondé à l’époque des croisades pour soigner les lépreux et tombé en désuétude mais encore riche en biens fonciers. Son ultime grand maître fut le comte de Provence. Pendant la Restauration, ce dernier, devenu le roi Louis XVIII, ne désira pas faire revivre les ordres réunis et les laissa s’éteindre. 

Insigne 

L’insigne de l’ordre était une croix à huit pointes portant en son centre, d’un côté l’image de la Vierge et de l’autre celle de saint Lazare. Elle était accompagnée d’une plaque brodée. Le ruban d’abord amarante devint vert à l’initiative du comte de Provence à la fin du XVIIIe siècle. 

1693

Création de l’ordre de Saint-Louis par Louis XIV

Croix de chevalier de l’ordre de Saint-Louis

L’ordre de Saint-Louis fut institué par Louis XIV le 5 avril 1693 à Versailles, pour récompenser la vertu, le mérite et les services rendus avec distinction des officiers catholiques de l’armée royale justifiant de plus de dix ans de service. Le roi crée ainsi une nouvelle chevalerie fondée sur le mérite militaire, aucune condition de noblesse n’étant exigée pour entrer dans cet ordre.  
Des grades sont institués : chevaliers, dont le nombre est laissé à la discrétion du grand maître, commandeurs et grand’croix en nombre très contingenté.  
Premier ordre de mérite démocratique, l’ordre de Saint-Louis acquit très vite un immense prestige dans les armées et servit de modèle à Bonaparte pour la création de la Légion d’honneur.  
D’abord préservé par la Révolution sous le nom de Décoration militaire, il fut supprimé le 15 octobre 1792, restauré par Louis XVIII et abandonné définitivement par Louis-Philippe comme tous les ordres de l’Ancien Régime. 

Insigne

La croix de Saint-Louis, portée à la boutonnière de l’habit à un ruban rouge feu, est de la même forme que la croix du Saint-Esprit. Elle porte en son centre l’effigie de Saint Louis et au revers une épée en pal passée dans une couronne de lauriers avec la devise de l’ordre, due à Boileau : Bellicae virtutis praemium (récompense du courage militaire). Commandeurs et grand’croix sont distingués par une croix de plus grand module portée en écharpe, complétée pour les derniers par une plaque.

1759

Création par Louis XV de l’institution du Mérite militaire et du médaillon de Vétérance

croix de chevalier du Mérite Militaire
Jean Thurel (1699-1807) portant le triple médaillon de Vétérance

L’institution du Mérite militaire

Louis XV, soucieux de pouvoir récompenser la valeur des officiers protestants étrangers à son service, fonde le 10 mai 1759 l’institution du Mérite militaire. Elle est copiée sur l’ordre de Saint-Louis mais sans son caractère religieux. Son histoire se confond ensuite avec celle de l’ordre de Saint-Louis. 

Insigne

Dérivé de la croix de Saint-Louis, l’insigne du Mérite militaire porte à l’avers l’épée en pal et au revers la couronne de laurier. 

Le médaillon de Vétérance

Louis XV crée le 16 avril 1771, pour les sous-officiers et soldats ayant servi plus de 24 ans, une marque distinctive. Remis devant tout le régiment, le médaillon de Vétérance est accompagné d’un brevet d’attribution et d’un serment au roi. La Révolution n’abolit pas cette distinction et des médaillons furent encore attribués au début de la Ire République. 

Insigne

L’insigne est constitué de deux épées croisées sur fond de drap, d’abord de la couleur du parement de l’habit puis uniformément rouge. 

1799

Création des armes d’honneur par Bonaparte, Premier consul

Mousqueton d’honneur au nom du citoyen Jean Lamps

Les armes de récompense sont la première étape qui conduit à la création de la Légion d’honneur. Le Directoire reconnaissant la nécessité des récompenses nationales, au moins pour les militaires, donna à partir de 1796 des drapeaux ou des armes dédicacées. Ces remises d’armes se multiplièrent lorsque Bonaparte prit le commandement des armées d’Italie : il prit l’initiative en 1797 de faire exécuter à Milan cent sabres nominatifs portant l’inscription Armée d’Italie, donné de la part du Directoire exécutif de la République Française par le général Bonaparte… L’usage de ces récompenses fut codifié par le général en chef au cours de la campagne d’Egypte le 2 février 1799. Un des derniers actes du Directoire fut d’instituer officiellement les Récompenses Nationales le 3 octobre 1799.  
Devenu Premier consul, Bonaparte arrêta, sur la base de ces dispositions, la création des armes d’honneur, le 25 décembre 1799. Ces armes nominatives accompagnées d’un brevet signé par le Premier consul étaient divisées en deux classes : 

  • les sabres, destinés aux officiers et aux soldats auteurs d’une action d’éclat ; 
  • les armes, dont la nature dépendait de la fonction du récipiendaire : fusils pour grenadiers et soldats ; mousquetons pour les troupes à cheval ; baguettes pour les tambours ; trompettes pour les trompettes ; grenade pour les canonniers, à coudre sur l’uniforme ; haches d’abordage pour les marins, à fixer sur le baudrier. 

Membres de droit de la Légion d’honneur, les titulaires d’armes (environ 2000) en formèrent la première promotion le 24 septembre 1803. 

1802

Création de la Légion d’honneur par Bonaparte, Premier consul

Plaque de Grand Aigle de la Légion d’honneur de Cambacérès (1753-1824)

Bonaparte crée le 19 mai 1802 la Légion d’honneur qui doit réunir en un corps d’élite le courage des militaires au talent des civils, et former la base d’une nouvelle société au service de la nation. Moderne dans son universalité, traditionnelle dans son organisation, l’institution concrétise le génie visionnaire de son fondateur.  
Sous l’autorité du chef de la Légion d’honneur (le chef de l’Etat), un grand chancelier (Lacépède) assurait l’administration, relayé sur le terrain par seize cohortes (supprimées en 1809). L’institution comptait quatre grades : légionnaire (appelé chevalier à partir de 1808), officier, commandant et grand officier.  
En 1804, Napoléon devenu empereur, fixe les insignes : une étoile à son effigie avec au revers l’aigle impériale et la devise Honneur et Patrie. En 1805 est créée une suprême dignité, la grande décoration susceptible d’être échangée avec les ordres des monarchies européennes. Le 15 juillet et le 16 août 1804, l’Empereur procède aux deux premières cérémonies solennelles de remises de décorations aux Invalides et au Camp de Boulogne.  
La Légion d’honneur va désormais accompagner l’histoire de la nation. Sous la Restauration, conservée par Louis XVIII, elle voisine avec les ordres royaux sans perdre son prestige. Le profil d’Henri IV et les fleurs de lys figurent alors aux centres des insignes.  
Sous la monarchie de Juillet, devenue seul ordre national, elle voit les drapeaux tricolores orner son revers et s’ouvre plus largement à une société en pleine mutation. La IIe République et le Second Empire lui rendent sa symbolique napoléonienne et élargissent encore son universalité en y recevant les femmes. La IIIe République l’ancre dans la tradition républicaine et la Grande Guerre lui donne une glorieuse popularité.  
Enfin, le code de 1962 restitue à l’ordre toute sa rigueur en l’adaptant au monde contemporain et forme le socle définitif de l’institution. 

1805

Napoléon Ier crée les ordres impériaux de la Couronne de fer et de la Réunion

pendentif de l’ordre de la Couronne de fer de Cambacérès (1753-1824)
insigne de commandeur de l'ordre Impérial de la Réunion

Ordre de la Couronne de fer 

L’ordre de la Couronne de fer fut créé le 5 juin 1805 par Napoléon, roi d’Italie, qui en porta toujours l’insigne à côté de celui de la Légion d’honneur. Evocation de la couronne des rois lombards dans laquelle un clou de la Vraie Croix aurait été fondu, cet ordre était destiné à récompenser les services civils et militaires rendus à la couronne italienne. L’Empereur veilla à l’insigne : une couronne à l’antique et la devise Dieu me l’a donnée, gare à qui la touche. Le ruban était orangé liseré vert. Il devint en 1814 une récompense autrichienne et les membres durent échanger leur insigne pour un bijou de remplacement. 

Ordre de la Réunion

Conséquence de l’extension territoriale de l’Empire, l’ordre de la Réunion fut fondé par Napoléon le 18 octobre 1811. Il devait seconder la Légion d’honneur et remplacer tous les ordres des territoires annexés. La décoration illustre symboliquement la réunion [à l’Empire] de la Hollande, des villes hanséatiques, de Rome et de la Toscane. Au revers, le N et la devise A jamais. Louis XVIII supprima cet ordre le 28 juillet 1815. 

1852

Création de la Médaille militaire par Louis-Napoléon Bonaparte, Prince-Président

Médaille militaire, IIIe République

La Médaille militaire a été créée le 22 janvier 1852 par Louis-Napoléon Bonaparte. Le Prince-Président est alors soucieux d’attacher une institution de récompense à sa personne comme l’avait fait Bonaparte en 1802.  
Cette décoration militaire est avant tout destinée à la troupe trop souvent ignorée par la Légion d’honneur. Elle est aussi, à titre exceptionnel, depuis le 10 mai 1852 (date où les maréchaux Reille et Vaillant la reçurent), la dignité suprême conférée aux chefs de guerre victorieux. Cette mesure exceptionnelle contribua largement à la popularité du nouvel insigne.  
Devenue républicaine le 4 septembre 1870, elle s’adapta aux exigences du temps et son histoire suit fidèlement les événements militaires de la France jusqu’à nos jours. La Médaille militaire récompense tant les exploits extraordinaires que de longues années passées sous les drapeaux. Elle peut être décernée à des étrangers. 

Insigne

L’insigne, statutairement en argent, se porte à un ruban jaune et vert reprenant les couleurs d’un ordre napoléonien : la Couronne de fer. Sur l’avers du médaillon serti dans une couronne de lauriers, l’effigie du Prince-Président avec en exergue : Louis-Napoléon, surmontée d’une aigle au vol abaissé formant bélière. Au revers, la devise Valeur et Discipline.  
Il sera modifié le 8 novembre 1870 pour être adapté aux changements politiques. Il comportera désormais la République en Cérès surmontée d’un trophée avec en exergue République Française, 1870. Cette dernière date sera supprimée en 1951 et remplacée par un motif floral. 

1857

Création de la médaille de Sainte-Hélène par Napoléon III et du principe des médailles de campagne

Le vice-Amiral le Bris (1858-1949)

La caractéristique d’une médaille commémorative est d’être attribuée à tout officier ou soldat inscrit aux contrôles pendant la durée d’une campagne déterminée et non en récompense d’une action d’éclat. Napoléon III, inspiré par les usages britanniques, en introduisit le principe en France après la guerre de Crimée. Le décret du 12 août 1857 créa la médaille de Sainte-Hélène, première médaille commémorative française destinée à tous les vétérans des campagnes de la Révolution et de l’Empire. Elle fut largement distribuée, prenant le relais de nombreux insignes non officiels de vétérans. 

Insigne 

La médaille, due au graveur général de la Monnaie Désiré Albert Barre, est en bronze, sommée d’une couronne impériale et se porte à un ruban vert à cinq raies rouges. A l’avers, le profil lauré de Napoléon Ier avec l’inscription Napoléon empereur ; au revers : A ses compagnons de gloire, sa dernière pensée – Sainte-Hélène 5 mai 1821 et en exergue Campagnes de 1792 à 1815.  
A la suite des campagnes du Second Empire, trois médailles : Italie (1859), Chine (1861) et Mexique (1863) verront le jour sur décision de Napoléon III. Egalement dues à Barre, elles sont toutes sur le même modèle, portant à l’avers le buste lauré de l’Empereur et au revers les noms des principales batailles de ses campagnes. Les gouvernements de la République ont poursuivi la tradition des médailles commémoratives :

-Médailles commémoratives des grandes expéditions coloniales : Tonkin (1885), Madagascar (1886 et 1896), Dahomey (1892), Chine (1901), Maroc (1909). 

-Médaille coloniale : créée en 1893, devenue médaille d’outre-mer en 1962. 

-Médaille commémorative des conflits : guerre de 1870, Guerres mondiales, Indochine, Afrique du Nord… La plus récente est la médaille de la Reconnaissance de la Nation créée en 2002. 

1883

Création de l’ordre du Mérite agricole et du principe des ordres ministériels

Insignes des ordres de Mérite agricole, du Mérite maritime, des Palmes académiques et des Arts et des lettres.

L’ordre du Mérite agricole, conçu dans l’esprit démocratique le plus large, fut créé, par décret du 7 juillet 1883, pour honorer les serviteurs dévoués de l’agriculture. Le ministre de l’Agriculture, Jules Mélines, cherchait à instituer l’équivalent de la Légion d’honneur pour les paysans jusque-là peu récompensés. Il ne fut prévu à l’origine qu’un grade. Celui d’officier fut institué en 1887, celui de commandeur en 1900.  
Le Mérite agricole est le prototype des ordres ministériels spécialisés qui vont se multiplier sous les IIIe et IVe Républiques à l’initiative de nombreux ministères : Mérite maritime (9 février 1930), Mérite social (25 octobre 1936), ordre de la Santé publique (18 février 1938), Mérite commercial (27 mai 1939) modifié en Mérite commercial et industriel (29 juin 1961), Mérite artisanal (11 juin 1948), Mérite touristique (27 mai 1949), Mérite combattant (14 septembre 1953), Mérite postal (14 novembre 1953), ordre de l’Economie nationale (6 janvier 1954), Mérite sportif (6 juillet 1956), Mérite du travail (21 janvier 1957), Mérite militaire (22 mars 1957), ordre des Arts et des lettres (2 mai 1957), Mérite civil (14 octobre 1957), Mérite saharien (4 avril 1958).  
Les Palmes académiques occupent une place à part. Créées le 17 mars 1808 lors de la réorganisation des universités par Napoléon Ier, elles furent d’abord insignes de fonction. Sous le Second Empire, elles prirent un caractère de décoration permanente et devinrent, par décret du 4 octobre 1955, un ordre ministériel en trois grades, sur le schéma traditionnel.  
La plupart de ces ordres spécialisés, supprimés lors de la création de l’ordre national du Mérite, cesseront d’être attribués au 1er janvier 1964. Quatre exceptions : les Palmes académiques, le Mérite agricole - non compris dans la réforme ; le Mérite maritime et les Arts et lettres - conservés à la dernière minute.  
 

1896

L’ordre royal du Cambodge, l’ordre de l’Étoile d’Anjouan, l’ordre du Nichan El Anouar, l’ordre du Dragon d’Annam et l’ordre de l’Étoile noire deviennent des ordres coloniaux français

Plaques des ordres Royal du Cambodge, de l’Étoile d’Anjouan, du Nicham el Anouar, de l’Étoile noir du Bénin, du dragon d’Annam

Le 10 mai 1896, dans le cadre de son expansion coloniale, la France décida d’utiliser les ordres de cinq pays placés sous sa protection : 

  • l’ordre royal du Cambodge créé par Norodom Ier en 1864 ; 
  • l’ordre de l’Étoile d’Anjouan créé par Saidi Ben Salem en 1874 ; 
  • l’ordre du Nicham El Anouar créé par le sultan de Tadjourah en 1887 ; 
  • l’ordre de l’Étoile noire créé par le roi de Porto Novo en 1892 ; 
  • l’ordre du Dragon d’Annam crée par l’empereur Dong-Khan en 1896. 

Désormais décernés par le président de la République ou l’autorité protégée, ils récompensaient au moins neuf ans de services rendus dans les colonies par des Européens, des indigènes et des métropolitains engagés dans l’expansion coloniale.  
Après la Seconde Guerre mondiale, les ordres du Cambodge et du Dragon d’Annam retournèrent à leurs pays. Les trois autres devinrent ordres de la France d’outre-mer. Ils furent supprimés lors de la création de l’ordre national du Mérite en 1963. 

1915

Création de la Croix de guerre

Croix de guerre

Au début de la Première Guerre mondiale, la France ne dispose pour récompenser l’héroïsme de ses combattants que de la Légion d’honneur et de la Médaille militaire. Ce cadre apparaissant insuffisant, Maurice Barrès est un des premiers à réclamer une médaille de bronze pour les braves pour récompenser le soldat sur le champ de bataille. La loi du 8 avril 1915, rapportée par le commandant Driant, crée une croix de guerre destinée à honorer les citations individuelles

Conférée aux militaires et aux civils qui avaient obtenu les citations requises, ainsi qu’à titre exceptionnel à des collectivités, elle cessa d’être attribuée après le 28 octobre 1921. Le nombre de Croix de guerre est estimé à 1,2 million pour l’ensemble des Alliés (représentant plus de 2 millions de citations). 
Par ailleurs de très nombreuses décorations et médailles commémoratives verront le jour pendant et surtout après le conflit, dont la Médaille interalliée de la victoire, créée par tous les Alliés en 1921.

Insigne 

La Croix de guerre est une croix en bronze anglée de deux épées au revers 1914 et l’année de citation : 1915, puis 16,17,18. Le ruban vert rayé de rouge, hérité de la médaille de Sainte-Hélène, évoque la gloire napoléonienne. Les citations sont matérialisées sur le ruban par une étoile (bronze pour brigade et régiment, argent pour division, vermeil pour corps d’armée) et/ou une palme de bronze pour les citations à l’ordre de l’armée.  
La Croix de guerre fut le modèle des croix créées dans le cadre des conflits postérieurs :

  • Croix de guerre des TOE, créée le 30 avril 1921 pour honorer les citations individuelles obtenues sur les théâtres d’opérations extérieurs depuis le 11 novembre 1918 
  • Croix de guerre 1939-1945 
  • Croix de la valeur militaire, instituée le 11 avril 1956 dans le cadre des opérations engagées en Algérie, et encore décernée (comme en Yougoslavie en 1992).

1963

Création de l’ordre national du Mérite par le général de Gaulle, président de la République

Plaques de dignitaires de l’ordre national du Mérite, ancien et nouveau modèle (émaillé)

La création d’un second ordre national est le pilier de la réforme des décorations françaises mise en chantier par le général Catroux, grand chancelier de la Légion d’honneur, dès 1956. Cette réforme fut réalisée grâce à l’implication personnelle du général de Gaulle après son élection à la présidence de la République en 1958.  
Il s’agissait de restituer à la Légion d’honneur, devenue pléthorique, tout son prestige et sa rareté ainsi que de simplifier, en l’harmonisant, le système des récompenses spécialisées. Le 3 décembre 1963, après des années de travail d’élaboration, le décret fondateur de l’ordre national du Mérite est signé. Son organisation est calquée sur celle de la Légion d’honneur, réformée par le nouveau code promulgué un an auparavant, le 28 novembre 1962. L’ordre a pour vocation de récompenser une élite plus jeune grâce à une durée de services distingués moins élevée (dix ans au lieu de vingt ans de services éminents pour la Légion d’honneur). Il doit ainsi permettre une plus grande réactivité et être capable de s’adapter aux exigences du monde contemporain.  
L’ordre national du Mérite se substitua à seize ordres : les trois ordres de la France d’outre-mer devenus obsolètes et treize ordres de ministères spécialisés

Insigne 

L’insigne de l’ordre national du Mérite, créé par Max Léognany, est très inspiré de celui de la Légion d’honneur : une étoile bifide mais avec une sixième branche et émaillée de bleu. Le centre, entouré de feuilles de laurier entrecroisées présente à l’avers l’effigie de la République avec en exergue République française. Au revers, deux drapeaux tricolores avec l’inscription : ordre national du Mérite et la date de création. L’insigne est suspendu à un ruban bleu de France, écho du premier nom projeté pour l’ordre : le Mérite de France. La plaque rayonnante, d’abord en métal uni, a été modifiée le 21 janvier 1980. 

2016

Création de la Médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme

Avers et revers de l’insigne de la Médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme.

L’idée de sa création est née à la suite des attentats survenus à Paris et à Saint-Denis en novembre 2015, après les attaques de janvier qui avaient déjà meurtri la France et porté atteinte à la liberté d’expression. Ces événements ont engendré une grande émotion nationale et fait apparaître la nécessité de décorer les victimes du terrorisme, mettant en évidence un manque dans le système de distinction honorifique français.  
La Médaille nationale de reconnaissance est ainsi une décoration particulière qui n’a pas vocation à récompenser les services rendus à la nation par les récipiendaires mais à rendre hommage aux victimes des actes terroristes dirigés contre la France. Elle a été créée par décret du 12 juillet 2016 par François Hollande, président de la République, sur proposition du grand chancelier de la Légion d’honneur. 

L’insigne 

L’insigne de la Médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme est une fleur blanche à cinq pétales intercalés de feuilles d’olivier, suspendue à un ruban blanc. Au centre, à l’avers, la statue de la place de la République à Paris, avec l’exergue « République française », et, au revers, deux drapeaux français croisés avec la devise « Liberté-Egalité-Fraternité ».